Table ronde « L’Europe pour et par la jeunesse »

Lormes, Salle de la Mairie, Samedi 19 juin 1999.

Sous la Présidence de:
  • Monsieur Christian PAUL, Député-Maire de Lormes
  • Madame Marie-France POULIN, Présidente Départementale de l’Union pour la Coopération Bourgogne Rhénanie-Palatinat
  • Monsieur Peter SCHUNCK, Président du Freundschaftskreis de ULMEN.
  • Monsieur Jean-Luc BIERRY, Président du Comité de Jumelage  » ULMEN-LORMES « .

La table ronde est ouverte à 10h 30 par une déclaration de Monsieur Jean-luc BIERRY, qui remercie de leur participation:
Monsieur le Député-Maire de Lormes
Madame la Présidente de l ‘ UCBRP pour la Nièvre
Monsieur le Président & les membres du Freundschaftskreis
Mesdames & Messieurs les membres du Comité de Jumelage  » ULMEN-LORMES  »
Les membres des associations représentées

 » Le comité de jumelage est heureux de vous accueillir aujourd’hui dans cette salle. Notre commune est l’une des 2000 communes qui apportent leur contribution à l’amitié franco-allemande et ainsi leur petite pierre à la construction européenne. A la suite de l’appel de Rastatt, et dans sa continuité, cette table ronde s’inscrit dans le sens de la réflexion qui doit être menée par l’ensemble des jeunes européens, à la place qu’ils se doivent d’occuper en Europe. La citoyenneté européenne sera celle qu’ils construiront. En effet, à l’aube du troisième millénaire, les grands défis européens sont les leurs, alors qu’ils font leurs premiers pas dans la vie sociale, professionnelle et politique.
Cette modeste participation, nous n’en doutons pas, contribuera à définir de nouvelles orientations pour les relations franco-allemandes; et dans ce cadre là, les jeunes doivent être les moteurs d’une nouvelle dynamique des jumelages, au service de la construction européenne.
Si le temps imparti vous paraît trop court pour exprimer toutes vos idées aujourd’hui, il vous est possible de nous faire parvenir par écrit une contribution qui sera intégrée au compte-rendu de cette table ronde.
Je tiens à remercier par avance tous les intervenants, toutes les personnes présentes dans cette salle, particulièrement les jeunes, ainsi que Monsieur le Député Christian PAUL pour sa participation. « 

Monsieur Christian PAUL le remercie, ainsi que Madame Marie-France POULIN pour la traduction qu’elle vient d’effectuer et qu’elle continuera a exercer tout au long de cette table ronde Il fait savoir qu’il est très heureux d’accueillir les amis d ‘ ULMEN, car il était absent lors de leur dernière venue en 1998, à l’occasion de la fête de la bière. Il note que cette fête est souvent couplée avec la fête de la musique, soulignant que:  » la bière sans la musique paraît fade mais que la musique sans la bière ce n’est pas bon non plus « . Il ajoute que les festivités comprendront une animation supplémentaire: une course cycliste, le Tour du Nivernais-Morvan passera dimanche 20 juin à Lormes.
Il fait part de sa satisfaction de voir un jumelage dynamique et beaucoup de fidélité entre les lormois et leurs amis d ‘ ULMEN, comme en témoigne notamment l’hébergement dans les familles.

M.Jean-Luc BIERRY remercie M. le Député-Maire pour ces mots chaleureux. Puis Monsieur Peter SCHUNCK, reprenant les termes de la déclaration initiale, estime lui aussi que « les jeunes doivent être les moteurs d’une nouvelle dynamique des jumelages au service de la construction européenne! Pour cela il y a besoin d’un carburant: ce sont les langues qui en sont le meilleur. De nombreuses entreprises travaillent au dessus des frontières en France en Italie en Espagne. Il est donc nécessaire de parler plusieurs langues. » Il ajoute que pour les allemands, les langues étudiées en priorité sont  l ‘ anglais et le français. Il pense que pour la France il faudrait que soit enseigné l ‘ anglais et l ‘ allemand. Il souhaite que ce point soit discuté.

M. Jean-Luc BIERRY demande aux personnes présentes si elles ont des questions, notamment sur le rôle que les jeunes doivent tenir au sein des jumelages.
Monsieur Olivier GEORGES, Président de l ‘ association  » ARTICLE 11  » prend la parole pour préciser que son association a réfléchi sur la construction européenne et que les idées émises aujourd’hui ne font que conforter cette réflexion. Il précise que le nom de l ‘ association fait référence à l ‘ Article 11 de la Déclaration des Droits de l ‘ Homme, dont il donne lecture à l’assemblée . Tous les adhérents de son association sont d’accord pour dire qu’un gros travail social reste à faire. Pour ce qui est d’éviter un nouveau conflit majeur sur notre continent, il souligne que cet objectif est atteint. Par ailleurs, étant formateur, il remarque « qu’il n’y a pas une classe qui dans l’année ne va pas dans un pays de l ‘ Union Européenne; beaucoup de progrès ont été réalisés sur ce plan. L’Europe est devenue une réalité, notamment dans les financements d’actions telles que celle d’aujourd’hui, par l’attribution de fonds européens en agriculture, ou en soutien d’actions culturelles « . Il aborde ensuite les axes qui leurs semblent prioritaires à retenir pour l’avenir.: pour lui, il est naturel que les jeunes essayent au sein des jumelages de fédérer des liens, mais il est très important que les institutions suivent et proposent une réelle politique européenne. Pour illustrer son propos il cite l’exemple du Kossovo, où il apparaît nécessaire que le Parlement Européen s’exprime après réflexion. Il regrette que le taux des abstentions lors des dernières élections européennes soit aussi élevé; « c’est pourtant cette institution qui doit avoir un pouvoir plus significatif qu’actuellement .  Il faut une politique européenne, qui réponde aux attentes des européens, en particulier une lutte contre le chômage et un minimum à chacun pour lui permettre de vivre décemment partout en Europe ». Il conclut en indiquant que les jeunes ont tous une question en commun à résoudre: celle de leur avenir.

Mademoiselle Bénédicte BORNGRÄBER intervient alors: elle pense « que les problèmes les plus importants en Europe sont le manque d’emplois et le manque de sécurité. En ce qui concerne l’emploi, l’Europe devrait organiser des recherches de travail dans tous les pays, y compris hors communauté, afin d’y palier ». Elle évoque également le problème d’une politique de développement de l’apprentissage des langues, qui lui semble primordialle (NB: elle est parfaitement bilingue, ayant une mère française et un père allemand)

Mme Marie-France POULIN considère que la langue n’est pas un problème aussi important que l’on veut bien le dire. Elle fournit comme exemple celui des échanges qu’elle organise, de jeunes apprentis qui vont travailler en Allemagne sans avoir une pratique de la langue. Pour elle l’intérêt primordial est la rencontre entre deux personnes de langue différente; ils arrivent toujours à échanger.

Mme Marion RICHTER prend la parole pour confirmer cet avis.

Monsieur Erwin RAUEN fait observer que le problème du chômage dépend en partie de la haute technicité qui se développe dans le monde. Pour lui la technologie est si pointue qu’elle ne permet plus à une petite entreprise de former ses ouvriers. Il considère qu’il est bien de s’en soucier, mais la classe politique doit s’en préoccuper d’avantage .
M.Peter SCHUNCK souligne que M. RAUEN est artisan en électricité à ULMEN et qu’il est venu à vélo depuis ULMEN avec une autre personne parcourant ainsi 610 kms.

Monsieur Jean-Luc BOLARD relève que:  » malgré l’action des comités de jumelages au sein de l’Europe, le vieux démon du racisme veille. L’action importante des comités doit être de montrer que nous sommes sur nos gardes, afin d’enrayer la montée des nationalismes. Le rôle de telles rencontres est primordial et habitue les gens aux échanges internationaux ». N’ayant pas connu la guerre, il forme le vœu que nos enfants ne la connaissent jamais.

Monsieur Jérôme GIRARD est aussi de l’avis de M. BOLARD au sujet de la vigilance à observer envers la montée du nationalisme, qui peut aller bien au delà : la haine de son proche voisin. « On a su dépasser les notions de méfiance mais je pense qu’il est nécessaire de sensibiliser les européens à une politique générale européenne ».

M. Olivier GEORGES reconnaît que « la situation actuelle est plus stable qu’il y a 50 ans, mais la misère et la précarité sont très importantes et engendrent une perte de cohésion sociale: cela entraîne une dispersion vers les nationalismes. Donc la construction européenne est nécessaire , souvent initiée par l’action des comités de jumelages »

Monsieur Laurent FAUCHE pense que: « l’Europe sera réussie lorsque les peuples seront fiers d’y appartenir ». Il propose un accroissement des échanges linguistiques, à l’initiative de l’Education Nationale, estimant que le rythme actuel est trop faible ( environ 10 jours en moyenne par personne).

M. Jean-Luc BOLARD considère que: « il faut expliquer aux jeunes qu’ils ont une chance inouïe que nous n’avons pas eue: celle d’avoir des possibilités de travail à l’étranger » pour exemple sa fille part 6 mois en Italie pour ses études (elle est en 4ème année universitaire) Pour lui à 20 ans on doit aller travailler dans d’autres pays.

Mme Marion RICHTER  souligne que cette discussion est engagée de manière théorique. « Il convient d’être plus pratique et s’interroger d’abord à notre niveau , sur ce qu’il est nécessaire de mettre en œuvre entre ULMEN et LORMES ».

Melle Bénédicte BORNGRÄBER regrette qu’il n’y ait pas assez d’échanges entre jeunes d ‘ ULMEN et de LORMES; ils sont limités aux échanges scolaires, entre une école et le collège. Beaucoup de jeunes ulmener ne peuvent donc plus participer à ces échanges.

M. Jean-Luc BIERRY rappelle que: « c’est le but de cette table ronde de faire prendre conscience de ces difficultés d’échanges et d’essayer d’y apporter des réponses concrètes » Il rappelle à l’assemblée l’essai mené de concert avec Aurélien MICAUD, Président de LORMES-ACTION-JEUNES. Il déclare être prêt à soutenir un échange entre jeunes des deux villes. C’est pour lui un souci présent et à venir.

Mme Marie-France POULIN explique que son plus cher désir c’est de rassembler les jeunes, notamment au sein des comités et au sein du groupement Nièvre de l’UCBRP. elle souhaiterait la participation de 2 jeunes par comité de jumelage.

Melle Bénédicte BORNGRÄBER évoque la possibilité de mettre en relation les 2 salles de jeunes autour d’un thème à définir, comme par exemple un match de football.

M. Jean-Luc BIERRY répond que ce type d’échange avait déjà été effectif 3 ans auparavant. Une douzaine de jeunes ulmener avaient été reçus, sous la conduite de Michaël MÜLLER; différentes activités sportives leur avaient été proposées: raft, équitation, etc…

Monsieur Mathias RICHTER est content de constater un progrès dans la discussion qui devient plus concrète; il ajoute : « l’apprentissage de la langue doit être développé en mettant en place une « école d’été » en Allemagne pour les français et en France pour les allemands. Cette école pourrait ne pas être limitée aux seuls jeunes, mais ouverte plus largement. Elle pourrait se dérouler sur 2 semaines avec des cours le matin, des activités l’après-midi et la vie le soir dans les familles. Ce projet peut bénéficier de l’aide de fonds européens , dans les domaines de la culture, de la langue et du sport ».

Madame Iris STEFFES-TUN reconnaît que même si les gens ne parlent pas, Il faut participer tout de même à ces échanges pour que l’oreille se forme à l’autre langue.

Monsieur Aurélien MICAUD pense qu’il serait intéressant de participer en commun entre jeunes aux activités: organiser les activités de LORMES avec les jeunes d ‘  ULMEN et d’aller participer à celles qu’ils organisent à ULMEN. Il précise: « Le but des échanges entre nos clubs de jeunes, est de pouvoir dans nos fonctionnements, s’enrichir de nouvelles idées et de nouvelles pratiques. Chacun d’entre nous a à apprendre de l’autre, comme de même nous pouvons lui apporter. Cela nous permettra de progresser intellectuellement et culturellement et nous enseignera la tolérance et l’ouverture d’esprit nécessaires à l’Europe ».

Mme Marie-France POULIN pense que le sport est un moyen privilégié de rencontre, mais il existe aussi les arts (peinture, dessin, etc…). Elle cite alors l’expérience menée dans une ville de la Nièvre, qui permet par ce biais là , la rencontre de jeunes de plusieurs nationalités différentes.

M. Jean-Luc BIERRY avant de clore cette table ronde fait remarquer que des notes ont été prises pendant toute la discussion, et qu’un compte-rendu sera établi; il pourrait être traduit en allemand (appel à volontaires). Il invite les participants à remplir le coupon joint au dossier de présentation, afin de recevoir le compte-rendu. Puis il laisse au Député-Maire de LORMES le soin de conclure cette matinée.

Monsieur Christian PAUL remarque que beaucoup de pistes importantes ont été évoquées au cours de cette grande heure de débat.
Il relève sur le plan pratique deux ou trois idées intéressantes, qu’il ne faut pas perdre de vue:
Il est favorable à l’idée d’échanges directs entre les associations de jeunes d ‘ ULMEN et de LORMES, et souhaite étoffer leur contenu.
Il souligne qu’à LORMES il existe un animateur « jeunes » qui est prêt à s’investir pour faciliter les échanges.
L’idée d’une « école ou université d’été » pour les jeunes et les adultes, où l’on travaille le matin et découvre la région l’après-midi, mérite d’être « creusée ». Il confie qu’il est prêt à aider à sa réalisation.

De façon plus générale, il retient que c’est à travers ces échanges que l’identité européenne se forge car, dans les deux pays, il y a les mêmes problèmes et les mêmes attentes.
Il insiste sur le fait que ces échanges sont un grand pas pour mieux se comprendre et s’apprécier, que les 2 pays ont une identité commune.
Pour lui la question de la guerre est réglée entre Allemagne et France, mais ce n’est pas le cas partout, et « cela demeure notre responsabilité à tous de la régler ».
Il termine en remerciant tous les participants, les invitant à lever le verre de l’amitié dans l’enceinte du marché-couvert.

La séance est levée à 12 h.